Le baluchonnage québécois doit devenir le relayage pour s’adapter au modèle français

capture-decran-2016-12-02-a-16-10-06Publié le 24.03.2017 par Cécile Rabeux
Article Hospimedia

 

Sous la houlette de Joëlle Huillier, une mission parlementaire s’est penchée sur le baluchonnage et les conditions de sa transposition en France. La députée propose de transformer cette aide au répit en relayage et d’expérimenter cette offre pendant plusieurs années pour en analyser les bienfaits et les coûts.

La députée Joëlle Huillier (SRC, Isère) a été chargée par le Premier ministre d’une mission temporaire sur le baluchonnage. Ce dispositif né au Québec permet d’offrir un temps de répit à l’aidant, par l’intervention d’une seule personne plusieurs jours à domicile. La difficulté de la transposition de cette offre en France réside dans la législation. « Nous nous sommes trouvés désarçonnés par les modifications à apporter au droit du travail », a indiqué la députée lors de la présentation de son rapport, le 22 mars. Une quinzaine d’expérimentations, « qui se généralisent » sont menés sur le modèle du baluchon Alzheimer. Néanmoins, s’agissant d’une marque déposée, un nouveau modèle doit émerger en France, annonce Joëlle Huillier. Elle propose la notion de relayage.

La mission estime que si l’aide aux aidants ne devient pas une priorité des pouvoirs publics, « il sera alors nécessaire demain d’augmenter de façon conséquente les places d’hébergement en structures d’accueil permanent ». De fait, les aidants rencontrés assurent « qu’ils ne feront jamais subir à leurs enfants ce qu’ils vivent eux-mêmes au quotidien ». Le relayage ne constitue qu’une offre dans la palette à proposer aux aidants. La mission a fait le choix de circonscrire le rapport aux personnes de plus de 60 ans, tout en précisant que les recommandations peuvent s’étendre à un public plus large.


Les principes du relayage

Le rapport définit le relayage et ses grands principes. Il suppose une aide d’au moins deux jours et une nuit, soit trente-six heures. Il ne remplace pas les services déjà mis en place au domicile, puisque le relayeur se substitue à l’aidant. Par ailleurs, le relayage exclut de facto les gestes médicaux ou infirmiers. Enfin, le départ de l’aidant du domicile est une condition apportée par tous les porteurs.


Charte métier et plateformes de services

Tous les types de services ont un rôle à jouer dans le relayage, assure Joëlle Huillier, mais la première préconisation de la mission est de s’assurer que les intervenants ont les compétences pour intervenir auprès des familles. Elle recommande alors l’adhésion des relayeurs à une charte métier, préfiguratrice d’un agrément « à l’instar de celui délivré aux assistantes maternelles ». La députée souligne également l’importance d’instaurer des « plateformes de services » qui « permettent d’anticiper et évaluer la demande » et qui pourraient « êtres présentes pendant toute la mission du relayeur ».

« Il nous semble nécessaire que soit introduite dans la prochaine loi de financement de la sécurité sociale une disposition devant permettre la mise en œuvre des expérimentations et d’assurer leur financement. »
Extrait du rapport de Joëlle Huillier

Le rapport souligne par ailleurs que le conseil départemental se place comme le pilote naturel du relayage. Ce dispositif doit par ailleurs être basé sur un diagnostic territorial et il est nécessaire que les structures porteuses soient évaluées pour s’assurer de leur viabilité. La mission souligne encore que les partenaires sociaux du secteur de l’aide à domicile rencontrés « reconnaissent que la législation en vigueur n’est pas adaptée à ce métier spécifique de relayeur. Ils se sont tous déclarés prêts à reprendre un échange constructif pour contribuer à faire évoluer cette situation ». Aujourd’hui, les intervenants ne peuvent pas être présents au domicile plus de 10 heures d’affilée. Et pour certains syndicats, cela relève d’une double maltraitance, de la personne accompagnée et de l’aide à domicile. Il faut en effet plusieurs heures pour créer une relation de confiance, qui peut être annihilée au moment du changement d’intervenant.

Pour évaluer les bienfaits mais également les coûts du relayage, Joëlle Huillier recommande la mise en place d’une expérimentation, durant deux ou trois ans, au sein de trois départements ou territoires infradépartementaux. Elle appelle également à l’installation d’un comité national de suivi, pilote de groupes de travail qui pourraient être constitués rapidement. Quant au financement du relayage, la mission demande qu’il soit détaché de l’allocation personnalisée d’autonomie (Apa). Elle souhaite alors que cette expérimentation et son financement soient introduits dans la prochaine loi de financement de la sécurité sociale (LFSS).

Ces dispositifs doivent permettre l’orientation vers des soins adaptés par des personnels formés. Les capacités de formation spécifique de « soins aux soignants » seront d’ailleurs augmentées pour permettre des prises en charge de proximité.


Liens et documents associés
Du baluchonnage québécois au relayage en France : une solution innovante de répit

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