Comprendre le recrutement d’aujourd’hui : nouvelles réalités, nouveaux besoins, nouveaux outils

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Le marché du travail a fortement évolué ces dernières décennies. Et les secteurs du social, du médico- social et du sanitaire n’y échappent pas. C’est ce que révèle l’étude « Comment ont évolué les métiers en France depuis 30 ans ? », réalisée par la DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) et publiée au début d’année. Féminisation, tertiarisation des emplois, hausse du niveau de diplômes, vieillissement des actifs en emploi, développement du salariat et de certaines formes d’emplois (temps partiel, contrats à durée déterminée, intérim)… Ces tendances se traduisent toutefois de façon contrastée selon les métiers. Comment ont-elles impacté l’offre et la demande en matière de recrutement ? Éléments de réponse avec Micheline Mauduit, directrice du cabinet Brigitte Croff Conseil et associés, spécialisé dans le conseil, l’accompagnement et la formation des acteurs des services à la personne et de proximité ainsi que dans l’action sociale et médico- sociale.

Quelles grandes caractéristiques peut-on dégager en matière de recrutement dans ces secteurs aujourd’hui ?

Micheline Mauduit, directrice du cabinet Brigitte Croff Conseil et associés : De manière globale, le rapport au travail a changé et les postulants choisissent avec plus d’exigence leurs modalités de travail. Certains vont préférer être salariés dans une structure, d’autres auprès d’un particulier, via une société mandataire, d’autres encore choisiront d’être en emploi direct. Par ailleurs, il est indéniable que la vie personnelle et de famille est aujourd’hui aussi importante que la vie professionnelle, voire passe avant. Certains postulants vont donc faire des choix au regard de critères qui ne correspondent pas aux besoins des employeurs. En outre, pour les secteurs qui nous concernent, il faut souligner une différence de taille dans le temps : auparavant, c’était bien souvent les structures ou les entreprises qui choisissaient leur(s) candidat(s). C’était le cas dans le secteur de l’aide à domicile, par exemple, où il y avait pléthore de postulants. Or, nous constatons aujourd’hui une inversion de la tendance en raison d’une pénurie de personnes présentant les compétences requises. Il est donc fréquent que ce soit le candidat qui choisisse son emploi et non plus l’inverse. Ajoutons que les métiers de nos secteurs sont souvent empreints de certaines contraintes notamment en termes de réglementation (horaires atypiques, effectifs, disponibilité etc.). Ils sont également marqués du sceau de la pénibilité (tâches physiques et fatigantes, stress etc.). Ce sont autant de facteurs qui ont logiquement fait évoluer le recrutement dans ces secteurs.

Existe-t- il des différences entre les secteurs ?

M.M : On l’a vu, des tendances communes se dégagent mais chaque secteur a sa spécificité. Particulièrement spécialisés dans les services à la personne, nous travaillons beaucoup avec des manageurs de structures qui nous confient avoir de grandes difficultés à recruter, notamment dans le secteur de l’aide à domicile où les aides-soignantes sont particulièrement recherchées. C’est également le cas dans le secteur de la petite enfance qui manque cruellement de personnes formées en raison de quotas qui ont été instaurés il y a quelques années. Il faut donc essayer de décloisonner les secteurs et les habitudes et d’ouvrir des perspectives. D’ailleurs, depuis environ 5 ans, le secteur, notamment les OPCA (organismes paritaires collecteurs agréés), se mobilise pour anticiper les départs en retraite qui vont bouleverser le marché. Le secteur de la santé n’est pas sans connaître des difficultés avec, au premier rang, la problématique des déserts médicaux. Pour pallier à cette pénurie, des professionnels de santé, médecins comme infirmiers, étrangers, ont été dépêchés, avec parfois, à la clef, une prime à l’installation. Certains d’entre eux doivent d’ailleurs travailler à un échelon moindre que leur qualification d’origine en raison de la non-équivalence de leurs diplômes. Cela aussi modifie l’offre et la manière de recruter.

Les méthodes et les outils utilisés en matière de recrutement sont-ils différents ?

M.M : C’est une réalité : aujourd’hui, les candidats postulent partout, par tous les canaux possibles. Si Pôle Emploi est encore utilisé, les réseaux sociaux ont pris une importance considérable : Facebook, Viadeo, LinkedIn… Tous ces outils sont désormais incontournables. Plus étonnant peut- être, des sites comme Le Bon coin sont aussi une ressource en matière de recherche d’emploi (notamment pour les emplois les moins qualifiés) et, donc, de recrutement pour les structures. Les employeurs se rendent compte aujourd’hui que les gens compétents « papillonnent », ou tout du moins sont mobiles. Ils se sont donc eux aussi emparés de ces nouveaux outils. À noter que certaines plateformes du secteur font également du pré-recrutement sur CV pour les structures et employeurs.

Des tendances futures se dégagent-elles ?

M.M : Si les outils se diversifient, il reste à pouvoir recruter la bonne personne pour le bon poste… et à la garder ! De nombreuses formations ont été proposées ces dernières années, notamment dans le social et le service à la personne, grâce à un engagement des financeurs pour répondre aux besoins des employeurs. S’il faut donner un conseil : recruter comme candidater sont des processus complexes, qui nécessitent de ne pas être faits dans l’urgence mais au contraire d’être anticipés.

Pour consulter l’étude de la DARES, http://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2017-003.pdf

Thèmes : conseils CV

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