Harcèlement moral au travail : que faire ?

harcelement au travail

Comment reconnaître le harcèlement ? Comment agir ? Martine Lavergne-Fefer, psychologue du travail, livre ses conseils.

Qu’appelle-t-on « harcèlement moral » au travail ?

Martine Lavergne-Fefer : « Il s’agit de la répétition d’actes ou d’injonctions portant atteinte à la santé physique ou morale d’une personne, lesquels dégradent l’estime de soi à travers une culpabilité et une perte de confiance. Le reconnaître peut s’avérer complexe car le harcèlement est parfois involontaire, lorsqu’un manager est lui-même soumis au stress, par exemple. La prise de conscience de cette violence morale est très délicate car elle dépend aussi de la confiance en soi des victimes. Certains salariés se sentent en effet harcelés s’ils ont des objectifs difficiles à atteindre et que cela génère une forte anxiété. Des signes aident toutefois à reconnaitre cette situation : violences verbales, crises de larmes de personnes harcelées, absences répétées, turn-over, accidents du travail fréquents, tensions dans l’équipe ».

Comment réagir ?

M L.F : « Dans tous les cas, il ne faut pas rester seul : en parler, c’est acter qu’il y a maltraitance ou management violent. Il est important de se faire aider, en contactant le médecin du travail, les syndicats, un psychologue, l’inspection du travail. Il faut le signaler au manager lorsque cela provient d’un collègue. Et surtout, il peut s’avérer nécessaire de garder des traces (mails, témoins…) pour le prouver ».

Comment faire lorsque le harcèlement est exercé par une personne prise en charge ?

M L.F : « C’est toute la difficulté du sanitaire et social. Ces professionnels ont souvent choisi cette carrière par envie d’aider, par empathie. Mais, face à certaines situations qui ne s’arrangent pas, ils peuvent se sentir impuissants, sentiment qui peut conduire au stress, voire au burn out, si l’on surinvestit sa vie professionnelle au détriment de sa vie personnelle, dans un contexte de surcharge d’activité, de surcroit. Si on est harcelé par une personne dont on est censé prendre soin, on est déchiré entre sa mission et une forme de culpabilité de ne pas y arriver, une perte d’estime de soi. Dans ce genre de situation, à chacun de trouver la limite de ce qu’il peut accepter. Dès lors qu’elle est franchie, il faut en parler avec sa hiérarchie et échanger avec ses collègues ».

 

Que dit la loi ?

Le harcèlement moral au travail constitue un délit en France depuis l’adoption de la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002 qui l’a introduit dans le code du travail, le code pénal et au sein du statut de la fonction publique.

Deux types d’actions sont possibles en cas de harcèlement moral :

  • Saisine du conseil des prud’hommes, pour obtenir réparation du préjudice subi. La victime devra présenter des preuves directes ou indirectes de ce harcèlement, dans un délai de cinq ans après le dernier cas de harcèlement. La procédure a lieu contre l’employeur (pour licenciement abusif s’il est l’accusé), même si ce n’est pas l’auteur direct du harcèlement : il sera alors jugé pour ne pas avoir protégé son salarié contre le harcèlement
  • Saisine de la justice pénale : La victime peut porter plainte dans un délai de six ans à partir du fait le plus récent de harcèlement. La justice prendra alors en compte tous les faits de harcèlement venant du même auteur.

Deux types de sanctions peuvent se cumuler, celles de l’employeur et celles de la justice :

  • L’employeur : mutation, mise à pied voire licenciement
  • La justice : jusqu’à 2 ans de prison et 30 000 € d’amende

L’auteur de harcèlement moral peut aussi être condamné à verser des dommages-intérêts.

Thèmes : Droit

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