Pour leur journée internationale, les infirmiers en première ligne imaginent l’après-crise

capture-decran-2016-12-02-a-16-10-06Publié le 11.05.2020 par Clémence Nayrac
Article Hospimedia

Ce 12 mai, les infirmiers sont à l’honneur et cette journée internationale prend, au cœur de la crise liée au Covid-19, un sens nouveau. Plus que jamais, ces professionnels démontrent leur rôle important au sein du système de santé. Leurs instances représentatives aimeraient que cette pandémie permette à terme une revalorisation de la profession

Ce 12 mai, l’édition 2020 de la journée internationale dédiée à la profession infirmière devait être un temps fort particulier, dans le cadre de l’année dédiée aux infirmiers et sages-femmes, Nursing Now (lire notre article). Si la crise sanitaire a quelque peu chamboulé le programme, la profession rappelle, en ce jour particulier, qu’elle est plus que jamais en première ligne. Elle voit aussi en cette crise la possibilité de se repenser et d’espérer la reconnaissance attendue de longue date.

Six millions d’infirmiers mobilisés
Au début de la pandémie de Covid-19, le monde comptait pas moins de six millions d’infirmiers, rappelle le directeur général du Conseil international des infirmières (CII), Howard Catton, dans une vidéo relayée ce 11 mai par l’Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés et des étudiants (Anfiide). Face à l’épidémie, ces professionnels ont fait preuve d’une grande mobilisation. Howard Catton salue plus spécifiquement l’engagement des 700 000 infirmiers français. « 2020 est une année durant laquelle vous montrez puissamment qu’il faut continuer à investir dans notre métier », souligne-t-il.

C’est aussi le constat formulé par l’Ordre national des infirmiers (Oni). « La profession a répondu présent et s’est fortement engagée malgré un contexte difficile », confie à Hospimedia le président de l’Oni, Patrick Chamboredon. Et ce dernier de souligner aussi la visibilité nouvelle de la profession. « Pour une fois, les infirmiers ont été mis en avant, pour la qualité de leur prise en charge notamment. Et les Français les ont applaudis, parmi l’ensemble des professionnels certes, mais on sait bien que les infirmiers constituent 80% des soignants mobilisés », décrit-il. Dans un communiqué transmis ce 11 mai, la Coordination nationale infirmière (CNI) constate à son tour « un début de prise de conscience de l’importance de ces professionnels qui, chaque jour, se donnent corps et âmes pour soigner, accompagner et sauver des patients terrifiés ».

L’Anfiide salue également ce 11 mai la mobilisation de la profession infirmière, dans son ensemble, avec un hommage particulier à ceux qui ont donné leur vie pour combattre la pandémie. « Une journée pour les infirmiers devra se faire d’ici la fin de l’année, et elle se fera même si pour le moment il reste beaucoup d’incertitudes », indique à Hospimedia Brigitte Lecointre, la présidente de l’Anfiide.

 

D’autant que cette forte mobilisation laissera des traces durables. « Nous courrons le risque d’épuisement de nos forces de travail actuelles« , prévient Howard Catton. La crise sanitaire a aussi mis en lumière les difficultés de la profession et un besoin criant de reconnaissance. Le CII craint ainsi une crise des vocations. Il est donc selon lui d’autant plus important d’investir dans ce métier avec « de l’argent et des ressources humaines« .

Tirer les enseignements de la crise
Mais au-delà de la crise, l’ensemble des acteurs infirmiers évoque surtout « l’après ». « Qui saura se souvenir du rôle joué par les infirmiers au quotidien ? Qui saura véritablement prêter attention à notre volonté commune et partagée de reconnaissance de nos compétences, de nos connaissances, de nos savoir-faire, de la singularité de notre approche « humaine », au plus près des besoins des patients ? » interroge l’Oni. S’il est satisfait du débat parlementaire sur le projet de loi relatif à l’urgence sanitaire — « des parlementaires de tous bords ont évoqué les compétences infirmières » —, Patrick Chamboredon s’étonne tout de même de ne voir aucune mention de la profession dans le texte. L’ordre rappelle que dans un récent rapport, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que les infirmiers sont « indispensables à la soutenabilité des systèmes de santé ».

Il convient donc, en ce 12 mai, de ne pas « profiter de la crise mais tout de même de capitaliser sur ses enseignements », résume Patrick Chamboredon. L’ordre liste les enjeux de ce siècle, vieillissement de la population, prise en charge des maladies chroniques, prévention, vaccination… pour lesquels la profession à un rôle à jouer. C’est aussi la parole portée par l’Anfiide et sa présidente. Dans une communication, ce 11 mai, l’association incite entre autres à « évaluer et tenir compte des conséquences du confinement », mais aussi à « écouter les arguments des soignants », et plus largement recentrer les choix sociétaux sur l’être humain et repenser la place des systèmes de santé dans la société.

« Cette crise a mis en lumière des grandes détresses mais aussi de grands moments de grâce. De ces moments extraordinaires — au sens premier du terme —, nous devons tirer la force de repenser notre profession et ses fondamentaux. Je parle de la profession socle, cela doit se faire ensemble », développe Brigitte Lecointre. « Cet effort doit se faire dans l’unité », confirme le président de l’Oni. Pour l’ordre, cette période de pandémie doit aussi permettre une évolution pour les infirmiers. « Beaucoup de choses sont en train de mûrir », conclut Patrick Chamboredon. C’est en ce sens que l’instance continuera à porter les mesures suggérées dans son livre blanc, pour une plus grande reconnaissance des infirmiers.

 

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