Publié le 25.01.2021 par Clémence Nayrac
Article Hospimedia
Près de 73,9% des professionnels de santé affirment que la crise liée au Covid-19 a dégradé leurs conditions de travail, dans un contexte de souffrance déjà croissante. C’est ce que révèle une étude menée par le collectif Santé en danger et SPS.
La crise sanitaire a agi comme un facteur d’accroissement de la souffrance au travail des professionnels de santé. C’est ce que met en lumière une étude menée par le collectif Santé en danger et l’association Soins aux professionnels de la santé (SPS), dévoilée le 21 janvier. Ces professionnels sont ainsi 73,9% à affirmer que la crise liée au Covid-19 a dégradé leurs conditions de travail. La crise aurait ainsi agi comme un accélérateur, tandis que la situation se détériore depuis plusieurs années : 97,3% des professionnels interrogés témoignent en effet d’une augmentation de leur souffrance au travail depuis qu’ils ont commencé à exercer. L’enquête mesure en outre l’intensité de cette souffrance : plus de la moitié des sondés (59,8%) la situent entre 7 et 10, sur une échelle de 0 à 10.
Méthodologie
Ce sondage a été réalisé par le collectif Santé en danger et l’association SPS, du 26 novembre 2020 au 10 janvier 2021, via un questionnaire disponible en ligne sur le site Drag’n Survey. 1 877 professionnels de santé — répartis sur tout le territoire national — y ont répondu. 98,6% sont français, des salariés (86,1%), des professionnels du paramédical (76,3%) et en très grande majorité des femmes (91,1%), ayant entre 36 et 50 ans (55,3%). 67% d’entre eux travaillent au contact des adultes et possèdent une ancienneté de plus de 15 ans (57,5%).
Conséquence de cette situation : 74,6% des professionnels interrogés ont déjà ressenti l’envie de « jeter l’éponge ». 46,7% confient même avoir déjà ressenti l’envie de pleurer sans pouvoir s’arrêter. Seuls 5,3% des répondants ne se sentent pas concernés par l’envie d’abandonner leur poste, par celle de pleurer ou encore par le stress, note le collectif.
Les difficultés au travail directement en cause
L’enquête démontre en outre que les difficultés rencontrées au travail sont directement sources de souffrance. Plus de 55% des professionnels se sont par exemple déjà sentis en difficulté sur le lieu de leur travail et pour plus d’un tiers (33,5%) très fortement, de 8 à 10 sur une échelle de 0 à 10. Ils sont seulement 1,6% à ne pas du tout s’être sentis en difficulté sur le lieu de leur travail. Manque de reconnaissance (80,5%), manque de personnel (71,4%) ou encore augmentation des cadences (59,5%) et ingérence liée au management (54,1%) sont les causes les plus citées. Par ailleurs, 30,8% relatent des difficultés dues à une situation de harcèlement moral. Seuls 0,4% des professionnels de santé ne se sentent pas en difficultés, notent les auteurs de l’enquête.
Face à ces situations, plus de 67% des répondants envisagent une reconversion professionnelle. Autre conséquence : près de 40% des personnes interrogées ont déjà été amenées à consulter un professionnel, médecin généraliste (48,1%), psychologue (26%) ou psychiatre (11,6%). Par ailleurs, elles sont 38,8% à avoir été mises en arrêt de travail et 34,2% à avoir suivi un traitement médicamenteux.
Un besoin de reconnaissance
clés. 84,5% des professionnels de santé pensent en effet « qu’être reconnus » pourrait être un facteur de protection face à leur souffrance. 76,6% pensent en outre qu’être entendus les protégerait de leur souffrance et 64,4% se sentiraient plus protégés si leurs responsables étaient formés aux spécificités rencontrées sur le terrain. Des chiffres « alarmants« , qui incitent le collectif Santé en danger à lancer « un projet de grande ampleur« . Il compte formuler des propositions pour remédier à cette souffrance.
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