Des grilles d’évaluation non monétaire de reconnaissance au travail sont testées en Ehpad

capture-decran-2016-12-02-a-16-10-06Publié le 14.09.2020 par Lydie Watremetz
Article Hospimedia

Comment mettre en avant la valeur travail et assurer sa reconnaissance ? C’est la problématique à laquelle la sociologue Chantal Mornet-Périer a voulu répondre en développant des grilles d’auto-évaluation et d’évaluation croisée. L’objectif est à la fois d’identifier les attentes des salariés et leur vision du travail avec des outils simples.

La valorisation des métiers en Ehpad est une problématique complexe, une sociologue travaille actuellement sur un outil de reconnaissance non monétaire. (Amélie Benoist/BSIP)

Chantal Mornet-Périer, sociologue, accompagne tout particulièrement le secteur médico-social dans la promotion de la qualité de vie au travail (QVT) et de la prévention des risques psychosociaux. Elle signale à Hospimedia développer et expérimenter un outil de reconnaissance non monétaire dans le cadre de missions confiées par appel à projets à son cabinet conseil* par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) et l’ARS Nouvelle-Aquitaine. Missions confiées avant la crise sanitaire et à l’heure où l’attractivité des métiers du grand âge posait déjà question. Sans minimiser ni même ignorer la problématique des revalorisations financières qui restent tout particulièrement prégnantes aujourd’hui, la sociologue poursuit son travail sur une autre voie qui consiste donc à valoriser le travail par des moyens non monétaires de reconnaissance.

L’outil sur lequel elle travaille se caractérise entre autres choses par le fait qu’il est adapté aux petites structures médico-sociales et peut s’appliquer à différentes catégories professionnelles. Des informations ont ainsi été collectées auprès de deux échantillons d’Ehpad de l’ordre d’une douzaine au total. L’outil conçu se présente sous la forme de grilles d’évaluation qui peuvent être utilisées dans trois situations qui nécessitent tout particulièrement d’accompagner le salarié.

Pour fidéliser les salariés
En amont de l’élaboration des grilles, les soignants interrogés par Chantal Mornet-Périer ont ainsi rapporté que de nombreux stagiaires d’Ehpad n’allaient pas jusqu’au bout de leur contrat d’aide-soignant et agent de service hospitalier (ASH). La sociologue a donc conçu une grille à remettre à chaque nouvel embauché à la fin de la première journée pour repérer très vite ce qui pourrait lui poser problème ou encourager son départ. L’ASH par exemple répond seul à une première série d’affirmations. Ces dernières ont pour objectif de repérer ce qui empêche le nouvel arrivant d’apprécier les tâches qui lui sont demandées ou en langage sociologique font barrière au développement de la reconnaissance au travail. Parmi les affirmations — à confirmer ou infirmer —, il est question du manque de temps et des priorités urgentes à traiter, de la peur d’être submergé de demandes, des difficultés à repérer le travail réalisé par les autres salariés, de l’absence de mesure des résultats et de la difficulté d’être reconnu.

Des évaluations croisées
Une deuxième série de questions est aussi proposée mais cette fois les réponses doivent être données par le nouvel embauché accompagné d’un salarié sénior. D’autres affirmations sont proposées comme « je crains de ne pas trouver les mots pour bien reconnaître d’être obligé dans certaines situations, de ne pas être sincère, ni équitables avec les autres salariés» ou encore « j‘ai du mal à recevoir un témoignage de reconnaissance». Pour la première série, si le total des réponses « oui» est supérieur aux réponses « non», cela signifie que le nouvel embauché rencontre des freins d’ordre organisationnel et méthodologique. Pour l’autre série, une prédominance de « oui» peut cacher des difficultés de communication ou d’ordre relationnel. Une autre grille d’auto-évaluation et d’évaluation croisée avec un sénior est également proposée après une semaine de travail. Cette fois, les affirmations concernent les capacités d’adaptation aux différentes tâches confiées, comme par exemple : « Je pense pouvoir m’habituer à l’environnement des résidents et à leurs comportements

Enrichir l’entretien professionnel annuel
La sociologue a aussi développé sur le même format un tableau d’évaluation pour travailler sur la reconnaissance par les pairs. Elle présente ce tableau comme un outil pouvant enrichir l’entretien professionnel annuel. Outre l’auto-évaluation, l’aide-soignant par exemple pourra le remplir et confronter ses réponses avec sa hiérarchie (cadre ou direction). Les grilles d’évaluation par métier permettent aux salariés d’identifier les domaines sur lesquels ils se sentent reconnus, pas reconnus ou souhaitent être mieux reconnus. Pour la sociologue, c’est un moyen d’aller au-delà des fiches de postes et de mettre tout particulièrement en avant les qualités des professionnels qui peuvent être mal connues de leur hiérarchie.

Dans les Ehpad, la problématique de la reconnaissance des différents acteurs est sensible, Chantal Mornet-Périer évoque en exemple les animateurs qui réclament de longue date une meilleure reconnaissance de leur métier et tout particulièrement de la part des soignants. Pour elle, les grilles de reconnaissance permettent donc de formaliser des outils qui peuvent être mis en avant auprès des directions mais aussi des résidents et de leurs familles et des pairs. La sociologue estime que le manque de reconnaissance participe au phénomène d’usure professionnelle (lire l’encadré ci-dessous).

10 raisons d’améliorer la reconnaissance au travail :

  • se sentir reconnu ;
  • agir directement sur la performance (qualité, résultats, notoriété…) ;
  • contrecarrer les risques psychosociaux (stress, fatigue, pénibilité) ;
  • lutter contre la dévalorisation de certains métiers et améliorer les recrutements ;
  • aider l’intégration des jeunes et des nouveaux embauchés ;
  • éviter les défections professionnelles ;
  • développer l’estime de soi des salariés ;
  • encourager les salariés et mettre en avant leurs atouts (feedback) ;
  • développer une vraie considération du travail des salariés.

 

 

* Chantal Mornet-Périer a fondé et dirige le cabinet conseil Aditzea.

 

 

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