“Mon rôle est de veiller à ce que l’enfant grandisse dans les meilleures conditions possibles” – Véronique, assistante sociale à l’Aide Sociale à l’Enfance

assistante social protection de l'enfance portrait

L’Aide Sociale à l’Enfance accompagne les parents en difficulté et s’assure que les besoins de l’enfant en matière de sécurité, santé et éducation soient bien respectés. Véronique, assistante sociale, revient sur son quotidien aux multiples facettes.

Pourriez-vous nous présenter votre parcours ?

Après mon diplôme d’assistante de service social en 2005, j’ai travaillé pendant 2 ans dans 3 centres hospitaliers au sein de différents services : traumatologie, gériatrie et prise en charge de la toxicomanie. J’ai ensuite intégré une Unité Territoriale de Prévention et d’Action Sociale (UTPAS) du département du Nord où j’ai travaillé pendant 10 ans au sein du Service Social Départemental (SSD) avant de rejoindre l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE).

La protection de l’enfance m’a toujours attirée mais je ne l’aurais pas choisie en sortie d’école car ça peut être assez lourd. Mes années d’expérience me permettent de me sentir plus confiante et d’avoir des connaissances plus poussées sur certains sujets. Après, c’est un choix vraiment personnel, je connais de nombreux jeunes professionnels qui assurent dans ce service, dès la sortie d’école !

Quelles sont vos missions ?

En tant qu’assistante sociale, mon rôle principal est de veiller à ce que tout soit mis en place pour que l’enfant grandisse dans les meilleures conditions et qu’il arrive à sa majorité avec toutes les chances possibles. Dans mon service, on est chacun référent d’une trentaine d’enfants. On est garant de leur projet, on est le point de coordination avec l’ensemble des personnes présentes dans l’écosystème de l’enfant.

Chaque enfant a une problématique qui lui est propre, ce qui nous amène à travailler avec un large panel de professionnels. Assistants familiaux, éducateurs de foyers d’enfance, psychologues, médecins de PMI, puéricultrices, éducateurs de la protection judiciaire, enseignants, psychomotriciens, juge pour enfants, équipe administrative… la liste est longue !

Que préférez-vous dans votre métier ?

Les rencontres avec les personnes et les enfants dont je m’occupe, c’est très enrichissant. Il y a, bien sûr, des moments compliqués, notamment lorsque les parents s’opposent au placement de l’enfant. Voir des parents et des enfants en larmes, on ne s’y fait jamais vraiment, ça marque. Par contre, il y a aussi des moments magiques, lorsque l’on permet des retrouvailles ou des évolutions de droits par exemple. Quand on voit des parents qui arrivent à avoir leurs enfants le week-end alors qu’ils n’avaient droit d’être ensemble qu’une heure dans un bureau, c’est génial, ça booste au quotidien.

Ce que j’aime beaucoup aussi, c’est de travailler en équipe. On est pas tout seul dans une situation, on peut se mettre autour de la table pour réfléchir aux solutions pour l’enfant.

Sinon, d’un point de vue très personnel, j’apprécie l’aspect “écrit” de mon métier. Pouvoir mettre sur papier certaines situations, lorsque l’on doit rendre compte au juge pour enfants par exemple, me permet de me poser, d’y voir plus clair et de faire ressortir les priorités.

Comment votre métier a-t-il évolué ?

Le métier d’assistant social est en perpétuel mouvement car nos missions sont dictées par des politiques sociales qui évoluent selon les courants politiques.
Par exemple, depuis le début de ma carrière, la place donnée à chacun a évolué. Depuis les lois sur la protection de l’enfance en 2016, l’enfant est au centre de l’intervention. Aujourd’hui, l’enfant est notre priorité, la question des parents arrive ensuite.

Comment votre service s’est-il adapté au confinement ?

Le premier confinement a été compliqué car toutes les visites étaient suspendues. On était vraiment dans le soutien aux enfants, en les appelant beaucoup, pour que les situations ne dégénèrent pas.
Pour ce deuxième confinement, les visites continuent, dans le respect des gestes barrières. Dans notre équipe, nous alternons les jours de télétravail pour ne pas nous retrouver tous ensemble au bureau et on ne fait que les rendez-vous absolument nécessaires en physique, sinon tout se fait par visio. Les enfants se sont bien adaptés, on s’est même rendu compte que certains d’entre eux allaient mieux en coupant les liens… le confinement nous a permis de faire quelques constats.

Le plus compliqué, c’est que nous fonctionnons beaucoup par équipe et, avec la situation actuelle, la dynamique d’équipe en prend un coup. Si on a pas une bonne équipe, c’est très dur émotionnellement. Quand on est pas tous ensemble, on a chacun une réalité différente, il faut donc être d’autant plus prudent à bien faire circuler les messages pour que l’on ait tous le même niveau d’information.

Quelles sont les qualités nécessaires pour être assistant·e social·e ?

L’adaptabilité ! Chaque situation est différente, il faut savoir s’adapter aux enfants, aux parents, aux professionnels… L’une des particularités du service, c’est que l’emploi du temps change tout le temps car, dès qu’il y a une urgence pour un enfant, on intervient directement.

Il faut savoir être à l’écoute et avoir de l’empathie aussi. En tant qu’assistante sociale, quand on intervient, c’est que quelque chose ne va pas. Il est donc nécessaire d’être à l’écoute pour amener les personnes à se confier et pour pouvoir réfléchir ensemble à une solution.

Et enfin, je dirais “être organisé”. Comme notre emploi du temps change régulièrement, il est important de bien avoir en tête ses priorités et ses dossiers pour ne pas se laisser submerger.

Un conseil pour les personnes qui souhaitent devenir assistant·e social·e ?

Mon premier conseil est de ne pas hésiter à partager avec son équipe et communiquer.
Mon deuxième conseil est de prendre soin de soi. Prendre du recul, s’assurer d’aller bien est nécessaire pour être en capacité d’écouter l’autre. Je n’aurais sûrement pas donné ce conseil il y a quelques années ! Mais cela me semble plus qu’important aujourd’hui.
Et mon dernier conseil est de ne pas hésiter à se lancer, c’est vraiment un super métier !

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